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Docteur Youssouf Maïga Moussa

21 janvier 2016

Une démocratie de milliardaires ?

Sommes-nous aux frontières du droit ? Pourquoi cette fixation pour une démocratie forte ? Ne rentre-t-elle pas en contradiction avec le concept d’Etat de droit ? Au Niger nous préférons une démocratie sécuritaire, de préférence à une démocratie de milliardaires....
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15 août 2016

"L'Oppolyse" ?

La racine grecque est assez édifiante lorsqu’elle définit lyse, ou « lusis » comme l’action de délier, ou de dissoudre. Pris au sens politique, l’oppolyse pourrait signifier toutes actions de la part du gurisme de réduire à néant l’opposition constitutionnelle, c’est-à-dire celle-là même dont le chef est Seini Oumarou. Depuis quelques temps, les leaders de l’opposition et certains membres sont l’objet d’interpellations interminables. Or, l’ARDR a bien signifié qu’elle n’entend plus se laisser-faire. Mais cet avertissement est foulé aux pieds. Seini Oumarou a été encore interpellé par la police Judicaire. Mais nous ne comprenons pas pourquoi des journalistes et des hommes de médias sont toujours dans le même collimateur ? Le guristes font-ils seulement la distinction entre l’opposition constitutionnelle, et les journalistes d’opposition, qui incarnent l’âme de la liberté de presse ? Cet amalgame peut nuire à la qualité de la bonne gouvernance du gurisme, car le respect de la liberté presse, notamment privée, est un des critères essentiels de la bonne gouvernance aux yeux des institutions internationales.

 La démocratie au sens moderne permet la diversité de partis, communément appelée pluralisme, ou multipartisme. En démocratie, le statut d’opposition est consacré par la Constitution. C’est ce statut et le rôle de l’opposition que le gouvernement de la 7ème République travaille vaille que vaille à briser, à concasser pour employer le mot fétiche de la gouvernance du gurisme. La plupart des esprits clairvoyants sont arrivés à la claire évidence que l’opposition est spoliée de ses droits, transformée en hors la loi. Le gurisme cherche la mort physique de l’opposition réelle. Cette réalité est palpable, car l’opposition n’a quasiment plus de mouvement, car de part en part garrottée par le système lacrymogène du gurisme. Fort heureusement la société civile par intermittence chauffe un peu l’atmosphère politique, notamment le Rotab et le « Collectif de sauvons le Niger ». Si on observe un tant soit peu ce qui se passe ailleurs, ne serait-ce que sur la Chaîne Africable, on constate bien que le rôle de l’opposition n’est pas de se faire embastiller, de se faire « déshonorer », de « laisser-faire ». Avec toutes les divisions apportées par le génie du gurisme, force est de convenir que l’opposition est aujourd’hui victime, mal en point. Sa vitalité s’amenuise. Il serait excessif d’avancer qu’elle est moribonde. Rigoureusement parlant, l’opposition ne se meurt pas, mais elle se balkanise du fait de l’art hautement machiavélique du gurisme.

Dans le réel, il nous semble que la définition du parti politique telle que proposée par Benjamin Constant ne s’accorde plus avec la conduite de certains militants politiques (hors la loi par leur parti d’origine) se réclamant à la fois de leur parti de l’opposition et du gouvernement de la majorité, car souligne-t-il, un « parti politique est une réunion d’hommes qui professent la même doctrine politique » (B. Constant, De la doctrine politique qui peut réunir les partis politiques en France).

Depuis l’appel du Président de la République, M. Issoufou pour la création d’un gouvernement d’union nationale, nous assistons à des rivalités au sein des partis politiques, à des luttes de clans, de concurrence entre chefs pour mieux dire, aux intérêts antagonistes. Si nous étions dans l’antiquité grecque, on parlerait aisément de « factions », dans lesquelles brillent des rivalités de tous ordres, jusqu’à la liquidation physique des concurrents. Aujourd’hui dans l’entendement général, s’il y a un coupable dans cette dérive des partis politiques, le Maestro selon l’ARDR est sans conteste le Président de la République qui a tendu une seule main aux dissidents, et l’autre pour les opposer à leur propre parti. On appelle cela de l’adresse, ou du tact propre à détruire l’adversaire en lui inoculant le virus de la division dans le cœur du parti. Ce virus à l’identique d’Ebola a attaqué les grands partis de l’opposition : la CDS, le MNSD, et le LUMANA Fa. Cette nouvelle classe de « dissidents » a engendré une perturbation profonde tant du point de vue juridique, politique que sociale. C’est la preuve également de la nature très corruptive, versatile des militants de certains partis politiques. En atteste ces récents débauchages de militants orchestrés par Zakai sous la bénédiction des guristes. Aussi est-ce à bon droit que nous usons du terme de « factions » pour caractériser la nouvelle situation politique de l’opposition.

Il est très significatif de constater que la CDS de Mahamane Ousmane est en guerre personnelle contre Labo, le MNSD de Seini Oumarou contre Albadé, et le LUMANA de Hama Amadou contre Ladan Tchiana. Il apparaît donc clairement que nous avons affaire à une guerre intestine, une guerre entre chefs. Les partis politiques de l’opposition s’en prennent plus à une tête cible, porte étendard du groupe des dissidents, qu’aux autres, qu’on oublie très souvent, tellement la virulence est quasiment monothétique, c’est-à-dire projetée sur un seul individu. A l’examen ces guéguerres nous semblent inesthétiques, et néfastes à la qualité de la démocratie nigérienne, car ce n’est pas faire de l’opposition démocratique en s’entre-déchirant comme des fauves ou des ennemis. C’est en effet une situation extrêmement fâcheuse sur tous les plans, car le plan savamment orchestré par le parti au pouvoir est la néantisation de l’opposition : l’oppolyse. Cette façon de procéder est une anomalie de la démocratie, c’est-à-dire le retour des factions en lieu et place de vrais partis politiques.

Quand la vie politique d’un Etat démocratique se déroule bien, on parle de pluralisme. Mais, quand la politique dégringole dans des bassesses, dans l’animosité, l’immoral, l’injustice et l’impunité, on parlera alors de luttes de factions, qui au XXIe siècle sont à considérés comme un recul de la démocratie. Et ceux qui prennent un malin plaisir à transformer les vrais partis politiques en factions/ennemis, sont bonnement des « décadents » pour employer le mot de Nietzsche. Les nigériens dans leur for intérieur déplorent cette situation de guerre ouverte au sein des partis de l’opposition. Nous ne reconnaissons même pas la moralité de nos hommes politiques, notamment ceux appelés les « dissidents » qui n’ont pas d’opprobre à s’en prendre vertement contre leurs anciens camarades, à mentir, à violenter et embastiller certains de leurs anciens camarades. C’est à ne rien comprendre. N’est-ce pas de l’animosité, de la haine morbide ? Toutes ces situations profitent au pouvoir en place, qui en catimini fait perdurer cette guerre intestine. N’est-il pas temps que les Labo, Ladan Tchiana et Albadé, prennent conscience de leurs erreurs et reviennent faire la paix des braves dans leurs partis d’origine ? N’est-il pas temps de taire la petite révolution, et penser maintenant à l’unité de leurs partis pour la victoire commune de 2016 ?

En cas de refus, il nous semble qu’il est possible du point de vue des lois, de décréter à l’égard de tous ces dissidents transformés en chefs de faction, un bannissement définitif de toute activité politique, d’autant plus que dans la Constitution, il n’y a pas de place, ou de statuts propres aux « dissidents ». Constitutionnellement ces dissidents sont hors la loi. Mais, paradoxalement, c’est une transformation des partis politiques en « factions » qu’encourage et accélère le pouvoir en place. Cette balkanisation des partis est un mal nécessaire pour le gurisme, dans l’exacte mesure où le but ultime est le « monisme politique » où peuvent se retrouver et cohabiter allègrement comme dans une grande maffia italienne, toutes les idéologies.

En brisant les partis politiques, en les divisant pour régner, le gurisme ne respecte pas les règles de l’art démocratique. Certes en politique comme disait Nicolas Machiavel « la fin justifie les moyens » ; mais dans le gurisme on va au-delà, car certains esprits du gurisme répugnent à respecter toute décence politique. Il y a implicitement un vaste projet machiavélien d’effacement total des partis politiques adverses pour l’avènement d’une monarchie éclairée, d’une « napoléonisation ». Autrement dit, dans le bon sens cartésien du gurisme, la meilleure démocratie ne sera pleinement réalisée que lorsque tous les partis se prosternent devant le Père de la Nation ; quand tous adhéreront à la Renaissance, instance suprême du « surmontement » de toutes les oppositions. De ce point de vue, se pose une ambiguïté rémanente, toutes les fois où le gurisme parle de démocratie et de bonne gouvernance. Si véritablement le but recherché est la dissolution de tous les partis autour de la Renaissance, il n’y a plus lieu de parler constitutionnellement de démocratie, de pluralisme. Dans une perspective humienne (David Hume), il est loisible d’avancer que ce sont des intérêts personnels qui suscitent la naissance des « factions » et les font éclore dans la richesse Cité du gurisme. Ceci pour dire à nos lecteurs que les « dissidents », ne sont plus ni moins que des produits finis, des progénitures circonstanciées made in gurisme.

En optant pour un pluralisme idéologique, le gurisme a instillé le germe de la division et l’érection des « factions ». D’où le grand capharnaüm de jeu des passions, de sentiments excessifs auxquels nous assistons, sans que cela ébranle la tranquillité et l’ataraxie du grand Boss de la République. Face aux luttes intestines entre Albadé+Seini, Mahamane Ousmane +Abdou Labo, et Hama +Ladan Tchiana, et maintenant des interpellations abusives des leaders de l’opposition et des journalistes, les stratèges du gurisme nous mettent à quia, c’est-à-dire dans l’impossibilité de répondre en face de ces suites géométriques de gigantomachies. Autrement dit, tout peut arriver d’ici 2015, que nous pouvons considérer comme le tournant de l’histoire de la guerre politique. En mettant en avant le concept abstrait de renaissance (Re-naissance = s’enrichir vite après 17 ans d’opposition) le gurisme se voudrait novateur en matière politique, plus moderne que ses devanciers qui incarnaient la période archaïque de la politique nigérienne. Mais au total, toutes ces rivalités politiques, ou dissidentistes ne constituent-elles pas in fine des régressions pour la démocratie ? Un peu de thalassothérapie ne fera-t-elle pas du bien à tous les esprits très échaudés ?

1 août 2016

L’Ere de la « Barbukratie » ?

En matière de démocratie, Amadou Toumani Touré (ATT), aurait pu être Périclès, le Stratège  athénien, comme aux belles heures de la vraie démocratie athénienne. ATT a certes fait de son mieux (en tant que militaire reconverti en civil= d’où le vice en démocratie), car grâce à lui, la démocratie malienne a eu sur le plan régional et international, une certaine aura démocratique unanimement reconnue. Hélas la même démocratie fut ingrate vis-à-vis de ses praticiens, comme dans un new remake grec.

Ma thèse reste et demeure que le passé ne sert jamais de leçons, ni de modèles aux hommes politiques, et aux « travelos démocrates », c’est-à-dire les militaires recyclés en hommes politiques. Face aux essais transformés des islamistes d’AQMI et des rebelles Touaregs, il est judicieux de s’interroger sans se voiler la face : où va la démocratie en Afrique ? Est-elle fatalement _ consubstantiellement, et conaturellement _ destinée à toujours péricliter ? Faut-il alors l’islamokratie ou  la Barbukratie ?

Des coups d’Etat intempestifs au Mali, en Guinée-Bissau, au Niger, des rébellions, et aujourd’hui la calamité des calamités, AQMI (Al-Qaïda Maghreb islamique) et ses dérivés : Boko Haram (littéralement : « l'éducation occidentale est un pêché »), MUJAO (mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), ANSAR dine (les « défenseurs de la foi »). Toutes ces situations politiques et insécuritaires ne nous rappellent-elles pas le cri de détresse de l’insensé du Gai savoir de Nietzche ? AQMI, les rebelles de l’AZAWAD (MNLA : mouvement national pour la libération de l’Azawad), Mujao, Ansar Dine et Boko Haram, ne sont-ils pas en train de putréfier la démocratie ? En s’attaquant militairement à des Etats démocratiques, ne marquent-ils pas clairement leur nihilisme vis-à-vis des régimes démocratiques, et des droits de l’homme ? Que faut-il attendre aujourd’hui de l’Etat au sens de  Thomas Hobbes ?

L’insensé de Nietzche fut un homme courageux en criant haut et fort que Dieu a été tué par les hommes ? Aujourd’hui il est juste de dire que ces énergumènes djihadistes et apparentés sont des ennemis du développement des Etats africains. Leurs violences contre les institutions et les populations perverties leurs causes : des islamistes authentiques ne violent pas leurs sœurs. Par contre, des criminels et des terrorismes, peuvent effectivement agir contre l’être humain sans aucun état d’âme. La France nous a gratifiés d’un excellent modèle à travers les actions criminelles de Mohamed Merah. Les djihadistes d’AQMI au Mali ne facilitent pas la tâche des rebelles Touaregs. Si avec les rebelles Touaregs il y a, et pourrait y avoir possibilité de négocier politiquement, avec les faux islamistes d’AQMI et la secte Boko Haram, la bataille sera d’un autre niveau. Car Dieu [je ne veux pas dire, Allah, car notre Allah réprouve leurs actes. Mais Dieu peut être aujourd’hui un mot passe-partout], ou la Charia est leur leitmotiv, contre la volonté des populations.

Criminologiquement, ce nous semble parfaitement de l’hérésie et de la psychopathologie de vouloir faire table rase de tout, et imposer une charia qui est oxymorique avec les nouvelles réalités des sociétés africaines et démocratiques. Il me semble que les islamistes qu’ils soient arabes ou africains sont complètement en retards sur notre siècle, sur le siècle de Kant et de ses Lumières : Qu’est-ce que les Lumières ? Car aujourd’hui le peuple est souverain. Aucun zigoto ne viendra leur imposer n’importe quelle formule, ou charlatanisme. Avec plusieurs expériences démocratiques, le peuple africain a appris à comprendre ses intérêts et se révolter contre l’arbitraire.

Les Etats du Sahel, et en l’occurrence le Mali et sa démocratie sont menacés aussi longtemps que ces islamistes et autres rebelles touaregs se croient tout-puissants et investis d’une mission divine pour imposer de nouvelles lois aux autorités religieuses de Tombouctou, de Gao et de Kidal. Nous savons que le rebelle, Iyad Ag Ghalyest devenu par la grâce du démon de la criminalité, un chef charismatique, incontournable. Cette reconversion exhale l’arnaque. Car Ansar dine est comme on dit dans le jargon de la Mafia, en pacte d’association criminelle avec AQMI. Le Mujao et AQMI ont kidnappé la plupart des otages au Sahel.

Il sourd donc qu’il n’y a pas de sens de parler d’Etat souverain, de République une et indivisible si, à l’interne des groupuscules mafieux s’érigent en contre Etat. De Machiavel à Max Weber, nous savons que l’Etat doit assumer son rôle de garant de l’ordre et de la sécurité. Au nom de l’Etat et de sa conservation, Machiavel enseigné que la fin justifie [justifiera toujours] les moyens. Les démocraties africaines sont exposées à des meurtriersqui ne sont pas masqués ; qui ne cherchent pas la paix, mais la déstabilisation des Etats pour leur fin propre. Trop de laxismes, de tergiversations, de négociations vis-à-vis des islamistes et des rebelles ont nui en dernière instance à la tranquillité et à la sécurité des Etats démocratiques africains.

Il faut aujourd’hui au nom de la sécurité de l’Etat contrer par tous les moyens les ennemis de l’Etat. L’Etat démocratique doit se protéger par la Force militaire contre l’adversaire, contre l’ennemi, qu’il soit djihadiste ou rebelle. Au nom de l’ordre politique et de la tranquillité publique, l’Etat ne doit pas lésiner sur les moyens pour le retour de l’ordre étatique et de la tranquillité publique. En sus de, en matière de terrorisme et de criminalité organisée, il n’est plus question de s’interroger s’il faut laisser les djihadistes au châtiment de Dieu, mais il faut comme le soutiendrait Platon, leur appliquer les lois, et la Force (les moyens répressifs de l’Etat) comme le préconisait Max Weber.

Si nos dirigeants africains étaient un tant soit peu stratèges, de telles situations ne pouvaient pas arriver à un Etat dit démocratique. On ne fait pas de la démocratie au XXIe siècle en fermant l’œil sur la sécurité. La facilité avec laquelle les islamistes et les rebelles de l’AZAWAD se sont emparés des villes maliennes sont la preuve que les démocraties africaines doivent revoir systématiquement leur sécurité et leurs moyens. En alléguant le manque de moyens militaires contre l’ennemi, la Junte militaire de SANOGO avait donc raison d’accuser les autorités politiques de négligence grave. Lorsqu’un groupuscule de bandits est matériellement plus fort que l’armée nationale, il n’y a certes pas de honte de reculer stratégiquement, et s’organiser en conséquence. Même les grands militaires comme Alexandre le Grand, ou Jules César, savaient reconnaître leurs faiblesses et agir en conséquence pour vaincre par d’autres moyens.

 Reste maintenant à sécuriser cette vaste étendue du nord du Mali et éliminer les islamistes. Les Boko Haramistes sont loin d‘être des islamistes, mais des exaltés ; car ce sont des disciples d’un Gourou (Mohamed Yusuf, décédé en 2009), et en sus de, ils portent des gris-gris (des amulettes, ou des charmes). Au total, nous avons affaire à des criminels qui empoisonnement la tranquillité des Etats africains. Leurs actes trahissent dans la pratique leur projet d’instauration d’Etats islamistes purs et durs. Il importe que les populations maliennes et les autorités religieuses des autres pays de la sous région sachent qui sont ces dangereux individus, qui travestissent la religion islamique. Ce sont des terroristes au sens pénal du terme, raison pour laquelle ils s’entendent bien avec AQMI.

Aujourd’hui, il faut être aveugle, pour ne pas voir l’évidence : les démocraties sont en danger.  Est-il envisageable du jour au lendemain de passer de la démocratie, de l’Etat de droit à l’islamokratie et à la barbukratie ? That is the question.

 La France a aujourd’hui d’autres chats à fouetter. Il faudrait que les hommes politiques sachent ce que veut dire gouverner. Il faut en finir avec ces foutus schémas de rébellion, de coup d’Etat, de guerres civils, et gouverner démocratiquement comme les autres pays, ainsi que le suggérait à juste titre John Rawls : gouvernons avec justice et équité.

AQMI, ANSAR Dine, Mujao, et les rebelles Touaregs ont souterrainement instillé, distillé les ingrédients d’un futur deuil funèbre de la Démocratie. Ne sentez-vous pas, rien que par leur présence en Afrique, la putréfaction de la démocratie ? Faut-il donner l’occasion aux djihadistes de crier victoire comme l’insensé du Gai savoir que « Dieu est mort ? », que « la démocratie est morte ? ».

A terme, si les dirigeants africains n’organisent pas concrètement leurs institutions et leurs dispositifs de sécurité, il est fort à parier que le moindre trouble, comme pour le cas de la rébellion Touareg, ou en Somalie ouvrira la brèche au meurtre de la démocratie. Je ne plierai pas cette réflexion, sans encore interpeller les dirigeants à se réveiller et de prendre exemple de ce qui s’est passé en Somalie et continue de poser le grave problème de la sécurité, et du droit international humanitaire. Mais le tout en Afrique peut se résumer en une seule formule : l’échec de l’homme politique.

Aussi posons-nous que : la sécurité doit être aujourd’hui la grandeur des Etats africains. Il n’y a pas d’impossible, il faut oser investir dans la sécurité, car sans sécurité pas de liberté.

 

 

 

1 août 2016

Gigantomachie entre démocratie et islamisme radical ?

Notre époque est rentrée dans une phase critique du commandement politique. Les islamistes radicaux [à distinguer des islamistes tolérants] cherchent vaille que vaille de s’emparer des régimes démocratiques.  C’est un truisme de le dire, depuis les révolutions du Jasmin, une réalité nouvelle dégouline comme les laves d’un volcan impétueux. La menace islamiste, salafiste, (ou ce qui revient au même : fondamentalisme, radicalisme religieux, intégrisme, etc.,) s’est inoculée comme un virus dans l’organisme démocratie. Les Etats africains qui n’auront pas la prudence pratique (phronèsis) de prendre les mesures thérapeutiques et chirurgicales appropriées, seront emportés par la déferlante salafiste qui aujourd’hui a plusieurs visages.

 Il suffit simplement de poser un regard serein sur les métamorphoses de nos concitoyens : il y a de plus en plus de femmes et d’hommes qui se « islamisisent » beaucoup plus par défaitisme [contre l’Etat démocratique], que de bonne foi. Mais le grand coupable, force est de le dire, c’est partout l’Etat, le gouvernement qui ne se soucie pas du peuple. Conséquence logique et naturelle, une minorité (grandissante) du peuple recherche son salut via le repli religieux ; dans ces nouvelles formes dangereuses et criminogènes que sont aujourd’hui les sectes. On peut forcer cette analyse et faire le parallèle, avec ce qui arriva aux cités-Etats démocratiques grecques après la domination macédonienne en 338 av. J.-C : en l’absence de l’Etat, certains citoyens se sont transformés en pirates, en mercenaires, en bandits, en délinquants. D’autres plus philosophes cherchèrent leur bonheur et leur salut dans les écoles épicuriennes et stoïciennes.

Ceci pour dire qu’aussi longtemps que les dirigeants africains [et donc la démocratie] ne reviennent à la Justice comme équité pour employer le mot de John Rawls, il y a aura toujours des citoyens qui font se dresser à leur façon contre l’Etat et sa tranquillité publique.

 Mon intuition est que même si les forces coalisées viennent à bout du terrorisme djihadistes,  à l’intérieur du corps biologique, qu’est l’Etat, les souches du mal demeurent : les sectes et leurs gourous. Veille sécuritaire oblige : il faut les surveiller de près, après la guerre contre le terrorisme. 

30 juillet 2016

TERRORISME: « Le TSUNAMI DJIHADITES »

L’enseignement de Platon sur l’ignorance des « prisonniers enchaînés » dans la caverne est encore d’actualité relativement au phénomène djihadiste. Rétrospectivement, l’allégorie de la caverne de Platon a des ingrédients prophétiques, car face à la poussée islamiste, il est aisé d’observer qu’un grand nombre de croyants sont restés accrochés aux images des fausses réalités projetées par le soleil sur les objets. La vérité sur le Dieu, en tant que le Dieu est la lumière (Platon parle de Soleil), a énormément fait défaut dans les Etats démocratiques laïcs du sahel.

Il nous semble que l’islamisme djihadiste retravaille justement sur ces « fausses images » pour endoctriner les musulmans honnêtes et sérieux qui sont à la recherche de la vraie connaissance de la divinité. Les élites, les intellectuels, les vrais marabouts ont échoué par peur des barbus, d’éduquer les populations à la vraie katalepsis (saisie) de la divinité. D’où aujourd’hui la mainmise des islamistes-terroristes sur les consciences de ceux qui sont restés « prisonniers des images » de la caverne de la religion. Le laxisme et la lâcheté intellectuelle reviennent en pleine figure sur tout le monde [tout le monde est coupable pourrions-nous dire aujourd’hui], car depuis des années on a rien fait pour parer à ce tsunami islamiste. Par peur d’intriquer religion et raison, religion et savoir critique, les islamistes revendiquent à leur seul compte, et par les armes une islamocratie. Or, quand tout le monde a peur de parler, de dire la vérité, de braver les tyrans comme Socrate relativement aux Trente (les tyrans de la Grèce du IVe siècle av. J.-C), on donnera le terrain aux fanatiques, aux extrémistes, aux sectes djihadistes. L’allégorie de la caverne de Platon que je propose de méditer cadre parfaitement avec notre phobos (peur), et explique grandement pourquoi le djihadisme a depuis longtemps une guerre d’avance sur les Etats africains, car depuis des lustres, personne n’a osé comme le prisonnier de la caverne de Platon qui a contemplé les vraies réalités, les idées intelligibles, revenir renseigner le vrai au peuple, c’est-à-dire l’Islam dans sa quintessence.

En Afrique, et en particulier dans le Sahel, l’existence quotidienne est difficile pour les populations. Chaque jour que Dieu fait, les gens s’acharnent à survivre par tous les moyens : par des voies honnêtes ou malhonnêtes (corruption, et criminalité). Comment dans de telles conditions, un individu qui a faim, pourrait-il intérioriser des idées républicaines ? Sa misère, sa pauvreté ne viennent pas des dieux, mais de ceux qui gouvernent l’Etat, et par ricochet, du fait des activités criminelles des terroristes islamistes. En abandonnant la grande majorité de la population dans la misère totale, l’Etat ne donne-t-il pas la place aux barbus, aux extrémistes, aux djihadistes qui deviennent psychologiquement et matériellement leurs seuls soutiens ? Aussi n’est-il pas étonnant de constater avec quelle facilité, les quartiers pauvres en Afrique sont devenus les endroits où se recrutent massivement le plus d’islamistes, et de radicaux, au rebours de l’Europe, où les islamistes (potentiels) se recrutent paraît-il dans les prisons, et les banlieues.

Les sectes comme Boko Haram, des groupuscules tels que Mouharabitoun (Ex An Sardine et Aqmi) et les organisations comme Al-Qaïda et Daesh profitent justement de cette ignorance profonde des populations islamisées pour exercer leur domination. Or, contre les islamistes, le philosophe Blaise Pascal enseigne que : « C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison. Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur, c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c’est en vain que le raisonnement qui n’y a point de part essaye de les combattre. » (Pascal, Pensées). Autrement dit, il ne revient aucunement pas à des individus exaltés, ni à des sectes d’imposer aux autres la vraie religion, ou l’essence de Dieu. Par conséquent, quand des individus peinent à voir la vraie nature du Dieu, ou à sentir le Dieu par le cœur, quand ils demeurent prisonniers des idoles de la religion, il faut les forcer à contempler les vraies réalités, les idées intelligibles à la manière de Platon : « Représente-toi donc des hommes qui vivent dans une sorte de demeure souterraine en forme de caverne, possédant, tout le long de la caverne, une entrée qui s’ouvre largement du côté du jour ; à l’intérieur de cette demeure ils sont, depuis leur enfance, enchaînés par les jambes et par le cou, en sorte qu’ils restent à la même place, ne voient que ce qui est en avant d’eux, incapables d’autre part, en raison de la chaîne qui tient leur tête, de tourner celle-ci circulairement. Quant à la lumière, elle leur vient d’un feu qui brûle en arrière d’eux, vers le haut et loin. Or, entre ce feu et les prisonniers, imagine la montée d’une route, en travers de la quelle il faut te représenter qu’on a élevé un petit mur qui la barre, pareil à la cloison que les montreurs de marionnettes placent devant les hommes qui manœuvrent celles-ci et au-dessus de la quelle ils présentent ces marionnettes aux regards du public. […] Alors, le long de ce petit mur, vois des hommes qui portent, dépassant le mur, toutes sortes d’objets fabriqués, des statues, ou encore des animaux en pierre, en bois, façonnés en toute sorte de matière ; de ceux qui le longent en les portant, il y en a, vraisemblablement, qui parlent, il y en a qui se taisent. […] Peux-tu croire en effet que des  hommes dans leur situation, d’abord, aient eu d’eux-mêmes et les uns des autres aucune vision, hormis celle des ombres que le feu fait se projeter sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? » (Platon, La République, livre VII, 514a-515a, Œuvres Complètes II, Léon Robin, M.-J. Moreau, Paris, Gallimard, 1994, p. 1101-1102). Si Platon a raison à travers cette allégorie, que pourrait alors nous apprendre l’Histoire ?

L’utilité de l’histoire pour les hommes politiques

Si les Etats du Sahel avaient profondément « ruminé » le délitement de l’Etat somalien et les conséquences advenues : piraterie et Shebabs, certains Etats auraient évité le terrorisme djihadiste et les prises d’otages. C’est en de telles circonstances que Polybe enseigne l’utilité de l’histoire pour les hommes politiques, les futurs dirigeants, et aussi développer dans le peuple l’intelligence des choses politiques, car dit-il : « Si les historiens qui m’ont précédé avaient omis de faire l’éloge de l’histoire, sans doute serait-il nécessaire d’exhorter chacun à distinguer les ouvrages tels que celui-ci et à leur réserver un accueil favorable, en songeant que l’homme trouve dans la connaissance du passé la plus instructive des leçons. Mais cet éloge a été fait et refait et autant dire tous les auteurs en ont fait le fondement et le couronnement de leur œuvre. Ils ont souligné que l’étude de l’histoire constitue l’éducation politique la plus efficace et le meilleur entraînement à l’action, et que d’autre part, pour apprendre à supporter dignement les renversements de fortune, l’enseignement qui produit en nous la plus vive impression ou plutôt le seul valable, c’est celui que nous apporte le récit des tribulations d’autrui ». (Polybe, Histoire, livre 1)

Pour Polybe l’histoire donne des réponses, des remèdes aux difficultés dans lesquelles pataugent aujourd’hui les Etats africains : leurs « tribulations » actuelles. Si les hommes politiques et leurs conseillers politiques replongent leurs regards dans l’histoire, il est aisé de trouver des voies et moyens pour recréer et adopter de nouvelles pratiques de gestion de l’Etat : un Etat ordonné, bien gouverner, respectueux des lois établies, et soucieux de l’intérêt du peuple sans discrimination. De fait, si aujourd’hui les djihadistes s’autorisent à juger les modes de fonctionnement iniques des Etats démocratiques, n’est-ce pas la preuve que les Etats ont échoué à concilier dans la pratique, les principes démocratiques avec l’éthique et l’équité ?

La conséquence palpable de toutes ces décennies de mal gouvernance, de crises politiques, de coups d’Etat, etc., est la naissance d’un animal violent, qui est dans sa pleine activité, et prêt à dévorer toutes les démocraties : « l’HOMO TERRORICUS ». A rigoureusement parler, on peut admettre l’idée que ces tares consubstantielles aux Etats démocratiques, ont reconstitué, revitalisé un islamisme radical en latence. Si nous suivons la logique de Platon en de telles matières, l’Etat doit procéder à une purification sociale des monstres sociaux, ou ceux que Kant appelle « les insociables sociables ». Platon écrit : « Pour ce qui a trait aux purifications à faire dans la cité, voici comment on pourrait procéder. Parmi les nombreux moyens de réaliser ces purifications, il y en de plus doux et de plus sévères. Les plus sévères, qui sont aussi les meilleurs, c’est un législateur qui serait en même temps un tyran qui pourrait les appliquer. Au contraire un législateur qui établirait une constitution nouvelle et instituerait des lois sans être un tyran, s’il procédait à la purification la plus douce, devrait se réjouir de seulement y parvenir. Or la purification la meilleure est douloureuse, tout comme le sont les remèdes efficaces. C’est celle qui conduit à la correction du coupable au moyen d’un châtiment accompagné d’une vindicte, et qui n’a que la mort ou l’exil comme vindicte dernière : ceux en effet qui ont commis les fautes les plus graves, comme ils sont incurables et constituent pour la cité le dommage les plus graves, il est d’usage de s’en débarrasser. Quant à la plus douce de nos deux purifications, la voici : à tous ceux qui, en raison de leur indigence, se révèlent être prêts, eux qui n’ont rien, à suivre leurs meneurs pour marcher en armes contre les biens de ceux qui en possèdent, à ces gens-là, comme à une maladie connaturelle à la cité, il donne, en raison du soulagement que procure l’euphémisme, le nom de « colonie » et il s’en débarrasse avec le plus de bienveillance possible ». (Lois V, 735d-c et 736a, in Platon, Œuvres Complètes, dir. Luc Brisson, Paris, Flammarion, 2008, p. 792).

A terme, l’allégorie de la caverne de Platon est encore d’actualité, et il nous semble religieusement thérapeutique de s’en approprier pour libérer les consciences de ceux qui sont restés prisonniers des idoles, des images de la religion projetées par des faux croyants pour tromper leurs semblables.

Dr. Youssouf Maïga

Criminophilosophe

 

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5 juillet 2016

Vers une « Gouvernance augmentée » !

Avions-nous sincèrement besoin d’une gouvernance dynamique?

Lorsque des dirigeants répètent inlassablement les mêmes erreurs, perpétuent ad aeternam la « médiocratie », il est juste et honnête de reproposer une autre façon de gouverner les citoyens. De la même manière que les entreprises sont en perpétuelle concurrence pour augmenter leurs performances, pour réaliser plus de bénéfices ; de même il nous semble qu’il est possible de résoudre la mauvaise gouvernance au Niger, en exhortant les dirigeants de se former au management, pour bien garder le cap de la bonne gouvernance. Pourquoi ? Quand un pouvoir enregistre un double IDH-0 (Indice de développement humain) en l’espace d’un mandat présidentiel, il est honnête de sa part de faire son mea culpa et de procéder avec courage à la refondation d’une nouvelle gouvernance, ce que nous nommerons « gouvernance augmentée », qui plus à la mode d’un point de vue managérial, qu’une renaissance culturelle (car déjà dans renaissance est subsumé le terme « culturel »).

A la vérité, force est de reconnaître après un mandat calamiteux de 5 ans, nos gouvernants sont loin d’être des « manager » au sens strict du mot. Ils sont plus comparables aux commerçants classiques qui se contentent de glaner chaque jour de quoi mettre dans les poches, au lieu de penser à améliorer son business, de rendre son activité commerciale plus dynamique et compétitive.

Aujourd’hui le monde est entrée dans le numérique. Quand un investisseur étranger clique sur le Niger, qu’est-ce qu’il entend trouver pour oser investir ? Y a-t-il des secteurs économiques où le Niger est vendable en termes de performances, de qualité ? Au début tout le monde avait cru au 3N. Après Plouf ! Echec. Certes ce fut une « idée pragmatique », mais les ressources humaines de qualité y ont fait défaut. Nous pouvons avancer qu’il n’y avait pas eu en la matière un bon management. La tare, nous semble-t-il réside dans le fait que toutes les fois où l’Etat confie un projet d’intérêt national à des citoyens, ou à des étrangers délinquants, le désir de se réaliser l’emporte sur l’intérêt collectif. Les échecs dans beaucoup de domaines au Niger correspondent à cet état d’esprit qui est une seconde nature chez certains de nos concitoyens. Il faudra donc une nouvelle culture, une nouvelle façon de voir collégialement le Niger avec les autres, comme un Big Boss dans une entreprise associe toujours sa réussite grâce à toute l’équipe. Arrêtons de dire toujours « Moi j’ai fait ça », mais privilégions : « Nous avons fait ça ensemble ». Si le pouvoir actuel libère la gouvernance, associe l’opposition qui appartient au Tout-Etat, alors il est possible de fédérer toutes les intelligences et les énergies vers et pour de grandes performances au Niger. Mais si la gouvernance est hermétique, limitée exclusivement aux Roséens et alliés, il ess clair que le Niger ne sortira jamais de l’auberge, et par conséquent, la renaissance culture se réduira à de la poudre aux yeux. Le bon manager politique doit oser prendre des risques s’il veut réussir, autrement, il sera incapable de dialectiser les échecs et les erreurs en réussites.

Pour faire simple, on ne peut réussir démocratiquement parlant une bonne assemblée nationale, si dès l’abord il n’y a pas de bonne volonté de siéger, et quand par ailleurs les autres de la majorité n’ont pas confiance aux députés de l’opposition. Il résulte donc que l’Assemblée Nationale ne pourra pas être performante dans cet esprit, et climat de travail. Ce schisme politique, crée donc une situation défensive d’intérêts parallèles. L’intérêt commun est occulté. Mieux, quand les uns pensent que c’est eux qui sont « en haut » : pensent et décident de tout, forcément les autres (l’opposition) regardent faire. Cela s’appelle l’impasse, car on ne regarde plus holistiquement dans la même direction, dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation. D’un mot, nous exhortons les uns et les autres à innover car le train de l’histoire universelle avance au rythme TGV (train à grande vitesse).

4 juillet 2016

LE PEUPLE, un nom à changer !

Est-ce le fond permanent de la démocratie ? Est-ce véritablement le démos ? N’y a-t-il pas une pluralité de peuples (plurivocité) ? et si on voudrait synthétiser en partie bipolaire et parallèl : il existe un peuple de gauche et l’autre de droite. Gauche= Peuple socialiste, ou des Roses, et la droite= le Bloc/Copa des opposants et des résistants (société civile de droite). Au regard de ce tableau sociologico-politique, nous sommes en droit de nous inquiéter, et de changer de vocables. Le peuple au Niger, ne s’est pas décomposé, il s’est balkanisé, divisé en deux blocs antagonistes et cette situation pourrie l’atmosphère nationale, fait planer un spectre de « je t’aime moi non plus ». Nous sommes donc dans l’antithèse du peuple de la démocratie grecque, du peuple français de la révolution française, du peuple de Burkina Faso qui a dit « Non ! » au Dictateur Blaise Campaoré. Ceci pour dire qu’il n’y a à exactement parler de peuple au sens de Rousseau (le peuple en corps), il s’oppose toujours à toute forme d’asservissement, de totalitarisme. Or, depuis lurette on s’oppose au Niger, on subit un système.

Un pouvoir socialiste (fascisant) ainsi que nous le savons depuis Hannah Arendt, peut opérer la décomposition d’un peuple, pour qu’il n’y ait pas d’opposition, ou de lutte de classes. L’absence de lutte, de droit à l’opposition, est une fascisation de la démocratie. Le bouchon est tiré très fort quand un dirigeant élu démocratique s’autorise à avancer que la démocratie peut se passer d’opposition. De fait, ce qui demeure, c’est qu’il y a détournement d’un modèle de gestion du pouvoir à des fins personnelles. L’érection d’un Sujet démiurgique, tout-puissant assurant sa sécurité personnelle au frais de l’Etat.

4 juillet 2016

Philosophie : se déterritorialiser ?

Heidegger en la matière pourrait être un pionnier. Ce n’est pas un crime de quitter la philosophie classique, pour aller voir ailleurs. Mais, c’est crime en effet de la part de certains philosophes qui ont vu d’un mauvais œil l’accointance entre Heidegger et le nazisme (Hitler). De ce point de vue, il est juste de parler de mauvaise « déterritorialisation ». Mais n’est-ce pas assumer aussi sa liberté de penseur authentique face à l’histoire ? Bernard Henri Lévy (BHL) était aux côtés de Sarkozy pour engager la guerre contre Kadhafi : "Un Messie qui ne craint pas de promouvoir la violence pour le plus grand bien de l’humanité". Est-ce un crime ? Est-ce honteux ? Compliqué à dire. Chacun choisit sa croix philosophique, chacun choisit son camp. Pour sûr, le cas de Heidegger a beaucoup fait couler d’encre en philosophie, car les atrocités du régime nazi, ont par ricochet entaché sa réputation et sa philosophie. De sorte que certains inclinent à penser que c’est via Heidegger que la « Honte «  est entrée en philosophie.

Mais n’y a pas que Heidegger qui traînent la honte en philosophie. Beaucoup de philosophes sont dans les couloirs des palais, que ça soit en Afrique où ailleurs. Il n’y a donc pas d’incompatibilité. Mais ce qui désarme un tant soit peu, c’est la connivence entre la rationalité et la violence. La connivence entre Rationalité et despotisme. Le philosophe a sa responsabilité dans certaines tragédies de l’histoire : hier comme aujourd’hui. Il est donc loin de la figure du sage Grec.

4 juillet 2016

La critique, est-ce quand on dit non au pouvoir ?

Elle permet de rendre possible des changements, de faire prendre conscience. Aimer la critique (d’où qu’elle vienne), s’est s’enrichir. Et si c’est dans la sphère économique, pour un Big Boss, les critiques représentent un filon d’idées, pour revitaliser l’entreprise, augmenter les performances. Si critiquer = émettre des idées, proposer des solutions, en ce sens on parle d’esprit critique que nous retrouvons épistémologie : analyse critique, examen critique, démarche critique, etc., (différent d’esprit de critique) ; il suit donc que, pour qui connaît l’utilité marginale de la critique, elle est sans conteste une richesse. En Revanche, c’est quand la critique dénonce des tares, des injustices, des abus, des violations, quand elle est pamphlétaire, qu’elle est perçue par un pouvoir paranoïaque, ou un patron despotique, comme une atteinte à son omnipotence, à sa mégalomanie. Tout comme certains Présidents, il existe des patrons, des chefs qui ont horreur des critiques. Ils se croient parfaits, au-dessus de leurs subordonnés. Or, même un père de famille, nous emble-t-il, a besoin de temps de temps qu’on le critique.

 En Philosophie politique, on observe deux critiques du pouvoir, une qui est matricielle chez les anarchistes, les marxistes, qui voient en l’Etat, le monstre froid par excellence pour parler comme Nietzsche. Et la seconde qui valorise l’Etat, chez des penseurs tels que Machiavel, Kant, Hegel, Hobbes qui particulièrement voudrait remplacer l’Etat par un Monstre Marin (le Léviathan) ; Rousseau, etc. Du point de vue de la pensée, ces deux approches critiques de l’Etat se valent. D’où derechef la force de la Critique qui permet de proposer du neuf, de défendre et conserver des valeurs.

Dans notre contexte démocratique, la critique permet de libérer des énergies, et c’est en cela que réside sa vertu. Il nous semble que la pensée s’étiole quand la liberté de critiquer est entravée. Ce n’est pas sans raison que toutes les déclarations et les chartes des droits de l’homme réitèrent la valeur cardinale de la liberté d’opinion et d’expression dans une République, fondement de la critique objective. La critique est même l’ultima ration s’agissant de l’exercice du pouvoir. Autrement, comment un Prince peut-il se suffire à lui-même sans ses conseillers ? Il a nécessairement besoin de leurs avis critiques, et non de « béni-oui-oui », quitte à délibérer seul en dernière instance. Le Bon Prince sait écouter ses Conseillers, il sait s’approprier des critiques faites par ceux qui n’appartiennent pas à sa Citadelle. Quand par exemple Oliver de Sardan s’adresse à ses amis socialistes, en critiquant leur première gestion catastrophique du pouvoir, il prouve par cette critique qu’il est un véritable ami qui vise le bien de ses amis, qui espère que ses critiques serviront à rectifier les erreurs commises. Mais quand la critique atterrit dans les oreilles et dans l’entendement de ceux qui ne veulent savoir, ni ne conçoivent de vérités autres que les leurs (vérités dogmatiques, despotiques), elle ne peut pas fleurir, ni servir l’action politique. D’un mot, nier la critique, c’est se comporter en autiste, et c’est vouloir des citoyens autistes, voire des « miettes de subjectivités ».

3 juillet 2016

PRESSE et POUVOIR : La TEMPERANCE

La radicalité, les ratonnades, le mépris ne sont pas des vertus pour conduire le Titanic d’un Etat. Les philosophes, les juristes font la différence entre gouvernance vertueuse et répression systématique des libertés. La maison de la presse nigérienne en privilégiant le boycott de l’invitation de l’Iftâr (cérémonie de rupture du jeûne) avec le Président de la République, s’insurgent contre les violations multiples dont leur profession spécifiquement est victime, là où d’autres baissent le front, s’aliènent face aux atteintes flagrantes des libertés. Imaginez un instant, seul jour sans la presse dans une République : vide total de l’information. Les « je m’enfoutistes », diront toujours on s’en fout. Mais on ne se fout pas de la gueule des Journalistes, ni du droit du peuple à l’information. Il faut apprendre à aimer, et Respecter les journalistes. Car leur Profession est noble, et très prenante. C’est comme l’Enseignement, si on veut forcer une sorte de gémellité. Ailleurs les journalistes sont célébrés tels des dieux et des Héros : affaire PANANA PAPERS par exemple. Ici au Niger : Aïe ! Aïe ! C’est allez vous plaindre à Dieu, comme dirait l’administrateur de la Nigelec. Or, c’est mal reconnaître qu’au Niger, ce sont les journalistes qui jouent véritablement le rôle de l’intellectuel engagé, contretype de l’intellectuel tapis dans le palais présidentiel, indifférent aux malheureux tous azimuts.

Puisque nos gouvernants ont maille à s’entendre intellectuellement avec les journalistes : peur de leurs plumes, des reportages critiques, etc., nous les convions sans aucun frais de revenir à l’école des philosophes (Platon, Aristote, les épicuriens et les stoïciens), afin d’apprendre la Tempérance, le respect de l’autre, la morale, le bien et le juste, l’ascèse, etc. Bref, il faut impérativement s’imprégner des vraies valeurs éthiques et morales pour prétendre diriger un Etat. Car si un gouvernement n’est pas amis des penseurs libres, des écrivains, des journalistes ; a en haine l’Aufklarüng (les Lumières en Allemand), il ne peut être aimé d’une grande partie du peuple. Les Iftâr ne doivent pas être un prétexte pour effacer d’un revers de la main tous le passif d’abus à l’endroit des journalistes. En ce mois béni de ramadan, certes c’est l’occasion de se pardonner mutuellement, mais quand le désir sincère n’y est pas, la démarche n’est pas logique. Les journalistes sont dans le droit de boycotter à juste raison. Dieu pardonne, mais les hommes entre eux, hum ! (Sceptique). Il faudrait préalablement purifier les cœurs, afin que l’amour de Dieu puisse y pénétrer. La Tempérance pourrait être la voie royale vers cette catharsis des cœurs. Allez faites un effort, amis du pouvoir. Rallumer la flamme de la paix avec mes amis de la PRESSE, et c’est le Niger qui sortira Grand et respecté. COURAGE mes Amis. Vive la Presse. Vous êtes les amis de Michel Foucault qui dit : « JE SUIS JOURNALISTE » (Dits et Ecrits, II)

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Docteur Youssouf Maïga Moussa
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