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Docteur Youssouf Maïga Moussa
16 août 2015

L'éducation politique

 

On parle très souvent d’éducation, et on amalgame bien de choses confuses. D’aucuns avancent que les jeunes manquent d’éducation, ne respectent plus les anciens, les enseignants, les valeurs, et même la chose publique : cas des vandalismes ? Que des conducteurs de taxis ne respectent pas leurs clients, ni la priorité dans la circulation ; que certains de nos concitoyens manquent cruellement d’éducation relativement à la question de la propreté de la Ville de Niamey, la Coupelec qui ne respectent pas ses clients par ces coupures intempestives et les surfacturations, etc., bref, sur beaucoup d’aspects, il y a absence d’éducation. Il est donc crucial de faire le point, car au constat, force est de convenir que même au niveau politique, certains hommes et femmes politiques (cas des députés grossiers) brillent par cette absence (vide) de vertu civique.

Aristote dans son ouvrage, La Politique, avait avançait une idée grave de sens, à savoir que « l’homme est un animal politique », c’est-à-dire l’individu qui par nature est destiné à vire en société, avec ses semblables. La cité (polis), est donc le lieu par excellence où il doit développer toutes ses potentialités, et surtout aspirer à la vie heureuse (eu zen). L’éducation, ce que les Grecs, nomment paideia fait partie intégrante de la formation civique du citoyen athénien. C’est l’éducation reçue en termes de connaissances, notamment les enseignements d’Homère et d’Hésiode par exemples, des valeurs, et  des nomoï (règles et coutumes), qui définissent le mieux le citoyen bien né chez les Grecs. Ceci pour dire partant d’Aristote, que l’éducation est au cœur de la Civilisation, ou de la civilité, donc de toute société. Aussi avance-t-il dans le même texte, qu’il est inconcevable de parler d’homme en d’homme de la Société, à moins qu’il ne soit une bête brute, ou un dieu. Par l’éducation, l’homme peut s’acheminer vers la vie de vertu, et prétendre à la dignité d’homme excellent, à l’image des dieux. Si cela est sommairement considéré, on peut alors avancer pour essayer de définir ce qu’est l’éducation ?

Essai de définition

Pris au féminin comme disent les auteurs de Dictionnaires, l’éducation est « l’Ensemble des actions destinées à former et à développer l’être humain, à tous les niveaux : physique, intellectuel, relationnel, social, civique, etc. Cette définition, est transversale, car partout l’homme qui le voudrait sérieusement, peut se former, s’éduquer quel que soit le temps ou l’âge pour nous exprimer comme le philosophe Epicure, autrement dit il n’il n’est jamais ni trop tôt, ni trop tard, pour s’éduquer. Et en politique cela est même aisé aujourd’hui, de s’éduquer dans les valeurs de prôner par la démocratie. Autrement dit, être en démocratie, ou être citoyen en démocratie s’est s’éduquer aux valeurs démocratiques, à la culture des droits de l’homme. Cette nouvelle culture démocratique (éducationnelle) est en même temps une instruction à la connaissance des droits de l’homme, nonobstant le distinguo qu’on peut faire spontanément entre éducation et instruction, qui vise plus spécifiquement « l’activité de l’esprit et l’acquisition des connaissances ».

Pour avancer, disons que l’éducation prend globalement en charge (éthiquement) la transformation (amélioration, ou façonnage) du comportement de l’individu. Par exemple : nous observons bien au Niger que nos concitoyens on changé de comportements vis-à-vis du respect des feux stoppe. Cela est gravissime dans une démocratie ou il y a des libertés et des limites à la licence. Sous cet angle on dire que l’éducation routière est en train de péricliter, car aujourd’hui sans des agents de sécurité au niveau des carrefours, la circulation à Niamey ressemble à un état sauvage hobbesien. Par ailleurs, et cela est important à souligner, l’éducation ne se limite pas à une intégration de sommes mathématiques d’apprentissages, mais sa finalité ultime, c’est de produire dans la société un type (idéal) d’homme supérieur respectueux de toutes valeurs. Ainsi est possible une véritable civilisation des droits de l’homme et de la tolérance.

Cette est approche de la perfectibilité du citoyen via l’éducation (paideia) est perceptible tant chez Platon que chez Aristote Platon, car elle a pour but (telos) de former un type d’homme excellent éthiquement parlant. Quand les Grecs parlent d’éducation (paideia), ils ne la limite pas exclusivement à «l’emmagasinement des connaissances », mais à former suivant Platon le « philosophe » qui deviendra « philosophe-roi » digne de gouverner la Cité (Polis). Ainsi dans la Cité, hiérarchiquement, l’éducation distinguera le philosophe du non philosophe, et des autres, car seul, le « philosophe » a reçu l’Art de bien gouverner la Cité. D’où ici le lien indissociable entre politique et éducation des citoyens. D’où il suit que « gouverner » suppose, ou présuppose l’acquisition d’une bonne éducation civique, juridique et éthique. Cette éducation du philosophe est profitable à la Cité, car seul le gouvernement du philosophe-roi veut procurer aux citoyens ce qu’Aristote nomme le bien vivre (eu zen).

De Platon jusqu’à Condillac (Etienne Bonnot de), le philosophe-roi doit recevoir dans son éducation les meilleurs arts : mathématiques, la musique, la poésie, la gymnastique, la géométrie, l’harmonie, la dialectique, etc. Dans le Banquet de Platon est exposé les meilleures vertus que doit posséder le philosophe destiné à gouverner la Cité : « le Courage, la Tempérance, la Sagesse, et la Justice » (Banquet, 196 b-e). Par exemple, dans la vertu courage, le philosophe-roi l’exprimera à travers l’apprentissage de la guerre. Toutefois, certains critères président dans la sélection du futur philosophe-roi, à savoir le choix du « pédagogue », et le « caractère »-philosophe. Lorsque Platon dans la formation du philosophe-roi mettait en exergue la valeur de l’apprentissage de la dialectique, c’est parce qu’elle a pour fonction, voire finalité de permettre au futur dirigeant de pouvoir en toutes circonstances tout saisir de manière synoptique. Par cette dialectique, le dirigeant peut contemplativement séjourner dans la vision du Bien (agathon), peut avoir un commerce privilégié avec ce qu’est le divin, et soumet ainsi son esprit à l’ordre divin, et devient par conséquent lui-même ordonné et divin (tel un dieu parmi les hommes). Nous trouvons une très belle figure de la vérité de cette dialectique dans l’allégorie de la caverne de Platon ; où il fait voir l’ascension du philosophe vers la lumière divine, et sa descente dans la caverne pour éclairer les autres hommes encore enchaînés, aliénés par les fausses vérités, qui se vautrent dans l’opinion (doxa).

Si cette sommaire théorie de l’éducation du philosophe-roi (du futur dirigeant) est considérée, on peut donc avancer pour dire que ceux qui nous gouvernent sont des « non philosophes », ils manquent de fait des pré requis politiques et éthiques pour gouverner. Dans nos démocraties actuelles (africaines), il nous semble que l’éducation de nos Princes pose problèmes, car rien ne nous garantit que nous ayons affaire à des Princes vertueux ou des philosophes-rois. Ne faudrait-il pas dans le futur revoir constitutionnellement la donne éducationnelle des Princes qui nous gouvernent ?

 

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