GOUVERNANCE : CRESUS et NÉMÉSIS

S’il y a des bandits de grands chemins, on oublie, très souvent qu’il y a sous couvert du pouvoir, un « banditisme politique », un « banditisme d’Etat » contre les droits de l’homme, contre la démocratie, contre le Bonheur du peuple tout court. Un pouvoir peut transformer, permettre à quelques individus sortis de rien, du néant, pour devenir en l’espace de quelques années, des crésus. Or Crésus, n’est rien sans la déesse Némésis. Selon la mythologie grecque, Némésis est l’une des filles de Nyx (la Nuit). Elle fut aimée de Zeus, elle cherche à éviter l’étreinte du dieu. Pour cela ; elle prend mille formes diverses et finit par se changer en oie. Mais Zeus, plus malin, devient Cygne et s’unit à elle. Elle est une déesse vengeresse, à la différence des Erinyes/ou Euménides (c.-à-d., les « Bienveillantes ») qui sont encore plus terribles. Elles châtient particulièrement les fautes contre la famille. Par exemple ce furent elles qui causèrent les malheurs d’Agamemnon, à la suite du sacrifice d’Iphigénie. Ce sont elles aussi qui poussent Clytemnestre à tuer son mari, puis, qui la punissent par la main de son fils, et enfin qui, poursuivent celui-ci parce qu’il est le meurtrier de sa mère. Comme dans la malédiction d’Œdipe qui tua son père sans le savoir, et épousa sa mère en commettant involontairement l’Inceste. Dans les poèmes homériques ainsi que nous fait savoir Pierre Grimal, les Erinyes (Alecto, Tisiphoné et Mégère) punissent globalement tous les crimes : meurtres, assassinats, l’homicide en général, car chez les Grecs le crime religieusement parlant, est une souillure qui expose la cité à la colère des dieux. Aussi, faut-il automatiquement purifier la cité. ►Dommage que nos démocraties modernes ne s’inspirent plus de cette pratique de la purification des crimes dans la République (Platon en parle dans les Lois).

Puisque nous parlons de nos « Crésus nigériens », il est utile de savoir que Némésis châtie elle aussi le crime. Mais plus souvent, elle est la puissance chargée d’abattre toute « démesure », par exemple de bonheur chez un mortel, ou encore l’orgueil des rois, etc. Si les dieux ont un rapport avec les humains, voire s’il est entendu que les dieux ont un regard intéressé sur les affaires humaines, il va de soi alors comme le souligne Pierre Grimal que « Tout ce qui s’élève au dessus de sa condition, en bien ou en mal, s’expose à des représailles des dieux ». Preuve est donnée que, c’est Némésis qui a entraîné Crésus, trop heureux de ses richesses et de sa puissance dans son expédition contre Cyrus, qui finit par amener sa ruine. Le maître mot de cette aventure dans la mythologie, c’est que devenir Crésus en politique, c’est souvent se perdre, ou creuser sa propre tombe. Notre conseil est d’appliquer la phronèsis (prudence pratique) dans l’exercice du pouvoir, ou même ailleurs. Il faut s’efforcer, s’abstenir de finir TEL CRESUS.