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Docteur Youssouf Maïga Moussa
4 juillet 2016

La critique, est-ce quand on dit non au pouvoir ?

Elle permet de rendre possible des changements, de faire prendre conscience. Aimer la critique (d’où qu’elle vienne), s’est s’enrichir. Et si c’est dans la sphère économique, pour un Big Boss, les critiques représentent un filon d’idées, pour revitaliser l’entreprise, augmenter les performances. Si critiquer = émettre des idées, proposer des solutions, en ce sens on parle d’esprit critique que nous retrouvons épistémologie : analyse critique, examen critique, démarche critique, etc., (différent d’esprit de critique) ; il suit donc que, pour qui connaît l’utilité marginale de la critique, elle est sans conteste une richesse. En Revanche, c’est quand la critique dénonce des tares, des injustices, des abus, des violations, quand elle est pamphlétaire, qu’elle est perçue par un pouvoir paranoïaque, ou un patron despotique, comme une atteinte à son omnipotence, à sa mégalomanie. Tout comme certains Présidents, il existe des patrons, des chefs qui ont horreur des critiques. Ils se croient parfaits, au-dessus de leurs subordonnés. Or, même un père de famille, nous emble-t-il, a besoin de temps de temps qu’on le critique.

 En Philosophie politique, on observe deux critiques du pouvoir, une qui est matricielle chez les anarchistes, les marxistes, qui voient en l’Etat, le monstre froid par excellence pour parler comme Nietzsche. Et la seconde qui valorise l’Etat, chez des penseurs tels que Machiavel, Kant, Hegel, Hobbes qui particulièrement voudrait remplacer l’Etat par un Monstre Marin (le Léviathan) ; Rousseau, etc. Du point de vue de la pensée, ces deux approches critiques de l’Etat se valent. D’où derechef la force de la Critique qui permet de proposer du neuf, de défendre et conserver des valeurs.

Dans notre contexte démocratique, la critique permet de libérer des énergies, et c’est en cela que réside sa vertu. Il nous semble que la pensée s’étiole quand la liberté de critiquer est entravée. Ce n’est pas sans raison que toutes les déclarations et les chartes des droits de l’homme réitèrent la valeur cardinale de la liberté d’opinion et d’expression dans une République, fondement de la critique objective. La critique est même l’ultima ration s’agissant de l’exercice du pouvoir. Autrement, comment un Prince peut-il se suffire à lui-même sans ses conseillers ? Il a nécessairement besoin de leurs avis critiques, et non de « béni-oui-oui », quitte à délibérer seul en dernière instance. Le Bon Prince sait écouter ses Conseillers, il sait s’approprier des critiques faites par ceux qui n’appartiennent pas à sa Citadelle. Quand par exemple Oliver de Sardan s’adresse à ses amis socialistes, en critiquant leur première gestion catastrophique du pouvoir, il prouve par cette critique qu’il est un véritable ami qui vise le bien de ses amis, qui espère que ses critiques serviront à rectifier les erreurs commises. Mais quand la critique atterrit dans les oreilles et dans l’entendement de ceux qui ne veulent savoir, ni ne conçoivent de vérités autres que les leurs (vérités dogmatiques, despotiques), elle ne peut pas fleurir, ni servir l’action politique. D’un mot, nier la critique, c’est se comporter en autiste, et c’est vouloir des citoyens autistes, voire des « miettes de subjectivités ».

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