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Docteur Youssouf Maïga Moussa
16 août 2015

L'argent et le peuple

Les anciens grecs pensaient que la richesse enfantait la corruption et la guerre civile. Platon dans les Lois écrit : «Dans  notre Etat, il est bon qu'il n'y ait ni or ni argent, ni d'autre part d'enrichissement considérable grâce à la condition dégradante de l'exercice d'un métier ou à des intérêts accumulés, non plus qu'à l'esclave de ce hideux troupeau ; mais que l'Etat ait seulement tout ce que donne et rapporte l'agriculture, tout ce qui du moins ne forcerait pas l'homme, en l'enrichissant, à se désintéresser de ce en vue de quoi, par leur nature, existent les richesses. » (Platon, Les Lois, V, 743c-d).

Faudrait-il alors être déjà riche pour pouvoir s'enrichir ? Non, car certains de nos concitoyens excellent aujourd’hui dans l’antithèse antique. Grace à l’activisme de certains zélés et notamment de la générosité du gurisme, nous observons une circulation rapide et généralement juste, de l’argent qui passe du riche (les guristes+ associés) au pauvre, c’est-à-dire les nouveaux militants et les militants débauchés par l’alchimie de l’argent. Mais faut-il le reconnaître, dans la citadelle du gurisme, ce ne sont pas seulement les pauvres (les hères, ou les gueux) qui profitent du gurisme, des numéraires du gurisme, mais des ministres et d’autres privilégiés non visibles. Il y a de cela quelques années (17 ans d’opposition), il était utopique, ou utopiste pour certains de parvenir à cette nouvelle existence radieuse baignée de billets craquants. Héraclite est dans le vrai lorsque qu’il enseigne que « Qui désespère, ne trouvera pas l’espéré ». Il faut donc apprendre en politique à attendre son temps et son tour. On parle aujourd’hui de nouveaux riches grâce au gurisme. Cette nouvelle condition sociale vient améliorer, ou compenser pour certains des inégalités sociales et économiques. Être enfin propriété d’immobiliers, de comptes bancaire, de véhicules, etc.

Ainsi, pourrions-nous parler nonobstant l’existence des deux classes antagonistes au sein d’une démocratie : la classe des pauvres et celle des richesses, d’une nouvelle classe typiquement made in guri système qui s’empiffre de manière ostentatoire ; qui s'enrichit chaque jour, fière d'une richesse facile et avide de la conserver contre quiconque. On observe bien de quelle manière certains concitoyens sont expropriés de leurs terres. Cette nouvelle classe made in guri système nous rappelle historiquement la situation de la Cité spartiate lorsque Lycurgue avait banni la dichotomie sociale et économique entre riches et pauvres, et du coup bannit de la cité les causes des discordes. Elles (discordes, ou séditions) ne firent leur apparition qu’avec Lysandre qui réintroduisit l’argent, permettant ainsi l’acquisition des biens matériels, et autres luxes. D’un mot, hier comme aujourd’hui on peut parler d’un déplacement des richesses.

Du point de vue du matérialisme historique de Marx, on est tenté d’avancer que là où une classe peu nombreuse possède la richesse dans un Etat, ou pour mieux dire le monopole de la richesse et y joignait l'influence, alors le gouvernement passe de démocratique à plutocratico-oligarchique. Des économistes soutiennent que l’Etat, c’est le VOL ! Certes. Des philosophes vont jusqu’à prôner la disparition de l’Etat. Certes ! Mais l’Etat reste la grande caverne d’Ali Baba. Au Niger il existe une pléthore de partis politiques, dont leur seul dessein est de parvenir à cette cave de l’or. Autrement dit, au rebours de ceux qui s’enrichissent de manière juste, légale, qui transpirent sous la canicule du Niger de type Colorados, d’autres ont trouvé la voie facile : le tremplin de la politique. Lorsqu’ils ont fini de grappiller les richesses de l’Etat, ils sont contraints de revenir au peuple, de redistribuer des billets espérant un autre mandat. Le jeu en vaut la chandelle. Le Peuple sait que les hommes politiques sont vénaux. Et à égalité de ruse, le principe du gagnant-gagnant, est de parler bon français comme disent les ivoiriens, c’est-à-dire banquer pour gagner des électeurs. C’est lors des élections qu’il nous semble que le peuple savoure enfin les bienfaits de l’argent détourné, de l’argent mal acquis. Nous ne sommes dans les schémas des Robin des bois, des Zorro, et autres héros, mais nous avons affaire à des chasseurs d’électeurs, qui sont conscients des enjeux et prêts à tout pour gagner des électeurs, même des faux électeurs. Ils misent aussi avec toutes les chances de perdre, comme on l’a vu au temps Cosimba de Baré. Mais cette mauvaise expérience politique (utile leçon) n’a pas encore servi de leçon. Nous assistons à l’éternel recommencement.

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Docteur Youssouf Maïga Moussa
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