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Docteur Youssouf Maïga Moussa
16 août 2015

La guerre de Troie de l'opposition nigérienne

Défendre la démocratie

Y-a-t-il de vrais motifs d’une « guerre interne » ?

« Nul ne voit ses défauts » disait l’excellent poète Ménandre. Il est souvent utile et bien qu’un plus petit que soi, vous dise qui vous êtes, et comment vous vous conduisez ? Quand ce sont des mastodontes de la politique tels que Mahamane Ousmane, Seini Oumarou, n’est-ce pas un autre grand bien  pour la connaissance de soi? Or, étrangement plutôt que de faire du bien, le Livre Blanc, ou Mémorandum tome 1 de l’opposition a concouru à réveiller l’inconscient freudien du gurisme. Si on parcourt le texte de la déclaration de l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR), on peut décliner quelques raisons essentielles pour lesquelles l’opposition entend déterrer la hache de guerre contre le gurisme. Beaucoup de journaux ont mis en évidence la première vérité du cogito de l’opposition, à savoir que: « Le Président Issoufou Mahamadou ne veut pas la paix, car il ne pense se réaliser que dans le conflit perpétuel », ensuite (seconde vérité) : « Le concassage des partis politiques et d’autres associations démocratiques empruntant le même mode opératoire que Boko Haram par Issoufou Mahamadou est une forme de guerre interne menée contre l’opposition », et enfin (troisième vérité) : « Les dernières interpellations menées contre les responsables politiques de l’opposition en l’occurrence El Hadj Seini Oumarou, Président du MNSD Nassara, chef de file de l’opposition, Monsieur Ousseïni Salatou Président du parti RDN Labizé, porte parole de l’ARDR, l’honorable député maire Amadou Djibo Ali dit Max, Président du Parti UNI-Indépendant, Monsieur Kazalma Elhadj Tay, Président du parti PCP-Chawara et Madame Souna Adizatou Diallo, Présidente du PNRD-Al Fidjr, constituent une déclaration de guerre interne contre une partie des Nigériens ». Ainsi que nous l’observons la chaîne des raisons est édifiante. Point d’être juge d’instruction pour établir et constituer l’accusation.

Dans la philosophie du langage, les mots ont des sens plurivoques. La dernière phrase de la troisième raison-vérité traduit, et exprime clairement le fait que dans le discours : « Dire, c’est faire ». L’opposition visiblement n’entend plus se laisser faire. Ces diverses interpellations à cause de la rédaction du Mémorandum du Tome 1 considéré comme un véritable pamphlet aux yeux du gurisme, constituent si on pût dire, la dernière goutte qui a fait déborder le vase. Le message est foudroyant, terrible, car l’opposition sans crainte aucune, a étalé la partialité de la Cour Constitutionnelle. D’où automatiquement la sortie du MRN pour condamner cette déclaration qu’il considère comme un discret à l’endroit de la Cour Constitutionnelle et de certaines de ses membres nommément indexés. Pour l’opposition, il est manifeste qu’aussi longtemps que cette Cour Constitution continue à être sous la main mise du gouvernement de la 7ème République, il ne saurait y avoir d’élections libres et transparentes en 2015-2016. Ce faisceau de raisons de l’opposition, ses inquiétudes avérées, et les répliques simultanées du MRN contre toute déclaration de l’opposition, font inéluctablement signes vers des ambiances lacrymogènes dont la démocratie nigérienne est perpétuellement habituée (Victime) comme une seconde nature.

En déclarant que la Cour Constitutionnelle est aujourd’hui en violation flagrante de l’article 124 de la Constitution de la 7ème République, l’opposition stricto sensu est entrée en « guerre interne » contre celui qu’elle qualifie de Boko Haram de la Démocratie. La rhétorique est esthétique, un Boko Haram que combattent nos vaillantes FDS, et un autre que combattra l’opposition. Ne sommes-nous pas in situ dans un autre état d’urgence ?

Après avoir essuyé des gaz lacrymogènes le 18 janvier 2015, les leaders de l’opposition sont décidés d’en découdre, car soutiennent-ils : « L’opposition politique ne cédera à aucune intimidation d’où qu’elle vienne et assume l’entière responsabilité du contenu du livre blanc. Ni la répression sauvage de ses militants le 18 janvier 2015, ni les arrestations arbitraires et les séquestrations quotidiennes de ses cadres et dirigeants, ni les harcèlements incessants de ses militants ne pourront émousser l’engagement et la détermination de l’ARDR à défendre la démocratie, l’Etat et la République. ».

Quelle terrible boîte de Pandore, ce livre blanc ? Quand le MNR se gargarise de « connaître » ceux de l’opposition, pourquoi sont-ils maintenant aux abois depuis la sortie de ce livre blanc ? Ne faut-il pas soutenir qu’en vérité le MRN est loin de connaître les leaders de l’opposition, a fortiori leurs actions ; à moins qu’ils ne soient des devins politiques ? Mais pour l’opposition, à strictement parler, c’est beaucoup plus les personnalités indexées dans le livre blanc qui s’acharnent contre eux, plutôt que le MRN globalement parlant. Aussi usent-ils tous les moyens pour anéantir l’opposition après avoir échoué dans l’affaire « des bébés importés ». Les ratonades dans les rangs de l’opposition pour entendre les rédacteurs du fameux livre blanc, si elles perdurent risqueraient de jeter l’opposition dans les rues. Et cela n’est pas à encourager en cette période de turbulence terroristique. L’ARDR n’étant pas une « organisation clandestine », a fortiori une secte terroriste, il nous semble que la raison doit revenir au niveau du gurisme. La « guerre interne » de l’opposition contre « une partie des nigérienne » peut ne pas avoir lieu, si chaque parti remue sa langue sept (7) fois, ou dix (10) fois (chiffre divin) si possible. Il faut éviter le manichéisme politique: d’un côté les bons, et de l’autre les mauvais. Il y a eu déjà assez de morts depuis que les terroristes attentent à notre sécurité. Evitons donc que le Niger ne « se somalise », ou « s’ivoirise » pour des vétilles. Le Niger est un pays de paix, de tolérance et de pardon. On a vu les preuves avec tous les messages de paix et de tolérance suite aux violences induites par la mauvaise interprétation de la formule métalinguistique : « Nous sommes tous Charlie » proférée par le Président de la République. Le désir de « conflit perpétuel », ne peut qu’engendrer dans un Etat ruine, désordre, violence, bref, absence d’Etat.

A l’examen, le poète Ménandre est encore fondé de soutenir que : « La langue est la cause de nombreuses mauvaises choses ». Au Niger en effet, on s’invective beaucoup, et les hommes politiques ne font pas attention à la dangerosité des mots, ou des  mots qui peuvent conduire à des choses regrettables. Faites en sorte [chers politiques, le peuple vous regarde] que la menace de « guerre interne » se dissipe dans les vapeurs du fleuve Niger.

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