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Docteur Youssouf Maïga Moussa
21 juin 2016

TERRORISME : le génocide religieux ?

Lorsqu'un groupuscule d'individus perpètre des attentats à la bombe contre des Églises (sanctuaires, ou temples), des Mosquées, des commissariats (symboles, ou institutions de l'Etat), des musées, des hôtels, des universités, etc., avec des milliers de morts à la clé, on est in situ dans le terrorisme et le génocide religieux, ou pour mieux dire, dans la guerre de religion. Les sectes terroristes, tout comme les organisations terroristes sont dans une posture que nous qualifieront de préméditation de droit légitime de crimes, c'est-à-dire le fait de se croire autorisé au nom d'une religion de donner la mort aux autres. Aussi longtemps que l'Etat en Afrique n'use pas de son droit souverain de défendre et de protéger ses populations ; des sectes politisées et fanatisées ébranleront toujours sa tranquillité publique et la sécurité collective. Machiavel a bien enseigné comment le Prince doit s'y prendre pour préserver et conserver l'Etat, mais aussi pour mener la guerre et assurer la sécurité. Et si on voudrait penser comme le Platon des Lois, lorsque sévit dans un Etat des individus incurables, il faudrait purifier la cité en leur donnant la mort. Car le danger, ou la souillure est justement de laisser le mal gangrené la cité entière. Du point de vue de la religion et des lois, du seul fait que des individus rebelles aux normes établies, saccagent, brûlent, détruisent des sanctuaires, des mausolées, ils sont coupables de crime d'impiété, et méritent par conséquent la peine de mort.

Toutefois, se pose politiquement un embarras, ce que les Grecs appellent une aporie (épokê), car relativement à la mauvaise gestion des régimes démocratiques en Afrique, il y a lieu de revoir notre jugement sur ces sectes religieuses de plus en plus nombreuses dans nos Etats, et qui remettent en cause l’unique compétence des hommes politiques à gouverner l’Etat. Le temps, nous semble-t-il est en train de donner raison aux islamistes et aux djihadistes qui veulent blackbouler la démocratie hors de l'Afrique. Si on se place d'un point de vue cartésien, les islamistes ont raison de prendre la place des anciens dirigeants qui du Maghreb jusqu'au Sahel ont lamentablement échoué. Et ce pseudo triomphe des islamistes et des terroristes djihadistes,  galvanise les sectes religieuses, et permet au islamisme dormant de refaire surface. Stratégiquement, il me semble que les djihadistes ne font que donner une leçon drue aux hommes politiques qui ont passé tout leur temps, depuis des années, à  mal gouverner l'Etat, à paupériser les populations, à voler l'Etat. En Afrique, c’est connu, une classe de citoyens a de longue date profité de l'Etat, alors que la majorité continue de se paupériser et de se radicaliser. Partout dans les quartiers périphériques et dans certaines régions, généralement au nord du territoire, c’est-à-dire le périèque comme disent les Grecs [populations établies dans la périphérie d'un Etat] l'Etat est clairement absent. Les sectes religieuses profitent grâce à leurs financements occultes [Qatar, trafic de drogue, rançons, etc.] pour créer des écoles, des dispensaires, de trouver du travail aux femmes, etc. Donc, il y a effectivement une grosse responsabilité de l'Etat en Afrique dans l'essor des mouvements radicaux, et dans l'augmentation des citoyens islamisés. La métamorphose de cette grande catégorie de la population est le « dérèglement », la rupture vis-à-vis du culte religieux officiel.

Les régimes politiques vicieux en Afrique, et à la clé des forces de l'ordre corrompues, ont permis justement le retour en force des groupes islamistes violents contre les Etats voyous et délinquants. Aujourd'hui la gigantomachie est patente. Les islamistes radicaux veulent régenter les Etats à cause de l'échec des régimes démocratiques relativement au bien-vivre des populations. L'épisode malien (occupation de Gao) où la charia fut instaurée et appliquée, a bien mis en évidence la nécessité pour les Etats de vite éradiquer le mal islamiste, et d'œuvrer dorénavant pour le bien général.

Les lois démocratiques sont instituées en vue du bien vivre des citoyens. Il n'est pas sorcier de les appliquer, de donner au peuple ses droits, de se soucier de son existence. Aussi choquant que cela soit, aujourd'hui le terme « secte » a une connotation dangereuse, car elle est utilisée à des fins extrémistes, violentes, guerrières. La secte Boko haram  applique de façon religieuse, le principe des anciens dirigeants nazis : « la solution finale » ; l'extermination totale des infidèles et des Etats collabos. D'où la planification rigoureuse de leurs attaques et de leurs cibles, spécifiquement les Etats faibles, ou défaillants, en vue d'établir des Etats islamiques et des camps d'entraînements (katiba) pour leurs futurs kamikazes. Aujourd’hui, les extrémistes de Boko haram par exemples, ne cherchent pas à terroriser les Chrétiens au Nigeria, mais ils sont à l'identique des SS allemand : exterminer totalement les Chrétiens (les infidèles). On peut parler donc à juste titre de génocide religieux, en tant que la cible est l'autre religion (le Christianisme), et dialectiquement, le génocide terroriste s’est étendu jusqu’aux Etats musulmans laïcs. Finalement, ne sommes-nous pas en droit d’admettre, que « l'enfer, ce sont les djihadistes, c’est-à-dire les « autres autres » ?

 

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