Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Docteur Youssouf Maïga Moussa
16 août 2015

La guerre: à la recherche de la sécurité

La paix est un bien précieux, un des souverains biens, si on s’inscrit dans la philosophie platonicienne qui établit l’existence de plusieurs biens. Dans le rapport à l’autre, Sœur Marie-Mirellet enseigne aussi ce qui suit : « Recherche la paix et poursuis-là ». Au plan criminologique et sécuritaire, la même antienne (refrain) résonne, jamais démodée, et à l’ordre du jour : « l’Etat doit rechercher la sécurité, la poursuivre, et la préserver ».

Si la guerre entre nation depuis la fin de la seconde guerre se fait de plus en plus rare, la nouvelle guerre mondiale, reste sans conteste la guerre commune contre le terrorisme qui inquiète et ébranle l’ordre international. Le monde entier veut la Paix, la Concorde, mais le terrorisme djihadisme veut autre chose, veut changer l’ordre international en érigeant vaille que vaille un califat contre la volonté même des musulmans. Les djihadistes n’œuvrent pas pour le bien de l’Islam, mais pour sa régression. Rationnellement et historiquement, le djihadisme est anachronique avec les valeurs démocratiques et les Lumières de la Raison kantienne. La guerre, le désir de domination et d’asservir les volontés les éloignent de leur nature d’êtres raisonnables. Leur nature, voire leur « insociable sociabilité » les poussent toujours à la discorde, au conflit comme le disait Héraclite d’Ephèse (Ve siècle av. J.-C.) : « Le conflit est le père et le roi de toutes choses, des uns il a fait des esclaves, des autres des rois ».  Il est bien par ailleurs de savoir à la suite d’Héraclite que « la guerre est universelle, que la justice est une lutte et que tout arrive à l’existence par la discorde et la nécessité ». Autrement dit, si la guerre apparaît aujourd’hui comme une nécessité contre les djihadistes, c’est derechef via cette guerre (polemos) que la paix (« éirenê ») sera possible. Hegel et Marx abondent dans le même sens en faisant de la guerre le moteur de l’histoire. La dialectique de l’histoire est toujours en marche via le conflit, via les passions humaines

Mais ce qu’il a lieu de souligner dans une perspective Rousseauiste relativement à cet essor du djihadisme, c’est la dénaturation de l’homme. Autrement dit, l’humain ne s’est pas amélioré depuis l’Emile de Jean-Jacques Rousseau, pire l’homme s’est ensauvagi. Mieux, pourrions-dire, il y a un très grand « malaise dans la civilisation » pour reprendre à notre compte une expression de Freud. Les djihadistes nonobstant tous les bienfaits du progrès techniques et scientifiques, refusent de renoncer à leurs pulsions animales pour tuer l’homme, leur prochain. Se civiliser dans l’optique de Freud, c’est accepter justement de renoncer à ses pulsions, à ses instincts de destruction, et privilégier la pulsion d’amour (êros). Il n’est pas exagéré d’avancer que les djihadistes auxquels nous avons affaire sont tiraillés par leurs pulsions meurtrières, qu’ils investissent vers d’autres buts. Pour les djihadistes, ce but, c’est l’installation d’un vaste califat. Dans cette optique, force est de convenir que les djihadistes auront éternellement du mal à s’harmoniser avec les valeurs de notre civilisation, et même avec les cultures locales. A nord du Mali (Gao), tout le monde a vu avec quelle sauvagerie, avec quel inesthétisme les djihadistes ont détruit des mausolées de Saints ; le Takamba a été interdit, et autres activités culturelles. Dans la doctrine de Freud, les dijihadistes pourraient être assimilés à des «récalcitrants » de notre civilisation, car ils peinent à maîtriser leur thanatos (instinct de destruction), et constituent du coup une menace à la coexistence pacifique  entre les hommes. D’où aujourd’hui la nécessité, voire l’impératif catégorique de la guerre. Plus exactement, pour que la société vive et se maintienne en paix, il faudra nécessairement qu’elle réprime ceux qui possèdent en eux potentiellement des tendances agressives et criminelles.

A terme, aussi longtemps que les dirigeants africains ne reviennent à la Justice comme équité pour employer le mot de John Rawls, il y a aura toujours des citoyens qui font se dresser à leur façon contre l’Etat et sa tranquillité publique. Notre intuition est que même si les « forces coalisées », ainsi que le voudrait l’esprit de la récente rencontre des chefs d’Etat de la Commission du bassin du Lac Tchad au Niger pour lutter ensemble contre Boko Haram, pour venir à bout du terrorisme djihadistes, à l’intérieur du corps biologique qu’est l’Etat, les souches du mal demeurent : les sectes et leurs gourous (les marabouts fanatiques). Une veille sécuritaire est impératif : il faut les surveiller de près même après la guerre contre le terrorisme de Boko Haram.

Publicité
Publicité
Commentaires
Docteur Youssouf Maïga Moussa
Publicité
Archives
Publicité