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Docteur Youssouf Maïga Moussa
16 août 2015

Nigéria new democracy?

Rousseau enseigne que la volonté générale, bien qu’elle ne soit pas la somme des volontés, mais plutôt la partie commune des volontés particulières incarne l’Etat. Ainsi compris, on peut accepter dans le sillage de Rousseau et de l’essence la bonne démocratie que la victoire de Muhammadu Buhari est sans conteste la victoire du peuple nigérian qui a opté pour l’alternance, pour le grand changement. Le peuple est sorti en grand nombre pour voter en bravant la menace terroriste. Buhari incarne enfin l’unité au-delà de la diversité des tendances politiques, religieuses. Quand Boko Haram brise l’unité politique entre Musulmans et Chrétiens, la Ruse de la Raison, en revanche a voulu les choses autrement en choisissant pour le Nigeria un homme d’exception, M. Buhari. Ceci pour dire, que l’histoire universelle n’est pas un pur chaos, elle suit bel et bien une téléologie. Si on observe holistiquement tous les évènements sociopolitiques du Nigéria, il sourd effectivement qu’il existe une Raison, une Intelligibilité qui gouverne le devenir historique. De ce point de vue, il est loisible dans la perspective de Hegel de parler au Nigéria de « tournant de l’histoire ».

On peut d’ores et déjà gager que M. Buhari sera à la hauteur et particulièrement contre la secte Boko Haram, et d’autres grands défis qui attendent la poigne du grand chef, ancien général putschiste de son état. Aux yeux de tous les observateurs objectifs, l’échec de Good Luck était on ne peut plus patent sur tous les plans. La Fortune, la divinité que les Grecs nomment la « Tyché » ne pouvait plus se porter à son secours. Trop de légèreté dans le traitement de l’affaire Boko Haram, trop de palinodie décriée par le Président Idriss Déby, etc. Au total, le bilan de Good Luck Jonathan a joué en sa défaveur.

Pour nous, il est d’une claire évidence que depuis le rapt des 200 jeunes lycéennes par la secte Boko Haram, nous nous attendions  à cette sanction éclatante de la part du peuple nigérian. La page politique calamiteuse de Good Luck Jonathan est tournée. Le peuple Nigérian a maintenant les yeux rivés sur Muhammadu Buhari. Il est en droit aujourd’hui de sublimer son nouveau Président tel un surhomme, un deus ex machina. Muhammadu Buhari sera capable de redorer l’image du Big State (le Grand Nigéria), de rebooster l’économie, de lutter efficace comme le grand Léviathan de Hobbes, contre la criminalité et la corruption. Pour les Etats de la sous région c’est une leçon politique à « hermeutiser » (interpréter), car Montesquieu disait si bien que les bonnes Constitutions sont fonction des « circonstances ». Le choix de Buhari traduit bien au sens de Hobbes, l’aspiration aujourd’hui des populations africaines pour des chefs démocrates et forts, despotiquement légitime face aux « homo terroricus » (les bêtes himaines). La dialectique de l’histoire liée à la violence terroristique a produit cette mixture du pouvoir, à savoir : un zest de démocratie et de despotisme éclairé.

Mais on se saurait éluder le côté gentleman de Good Luck Jonathan, qui a personnellement appelé le nouveau Président Buhari pour le féliciter. Cette attitude est appréciable, car elle a eu la vertu de vite calmer les militants, afin que chacun puisse accepter le verdict des urnes, et la volonté du peuple. Si chaque Etat s’inspirait de cette expérience nigériane qui avait eu un précédent au Mali, alors il serait possible dans les années à venir de civiliser nos démocraties, et dépasser les éternels crimino-conflits qui déchirent le continent africain. Partant de l’élection démocratique de Muhammadu Buhari, il nous semble que la politique ou la démocratie au Nigéria cessera d’apparaître comme une guerre, mais respectera dorénavant l’alternance, condition sine qua non de l’Etat de droit et de l’exercice de la bonne gouvernance. Mais au sens moderne, n’est-ce pas la victoire de la biométrie ? L’intrication entre la technique et la démocratie ? Cette biométrie nonobstant ses quelques défaillances mineures constatées dans quelques endroits, globalement elle a permis d’éviter les fraudes massives consubstantielles aux anciennes élections nigérianes. C’est un grand pas de géant en matière de transparence dans les élections. Certainement que le clan Good Luck Jonathan a reconnu rationnellement la scientificité acceptable des résultats biométriques. D’où la sérénité post électorale à la quelle nous assistons, et félicitée par la communauté internationale.

Une aube du salut s’est élevée sur le Nigéria. Le peuple a fait son devoir, il appartient maintenant à Muhammadu Buhari et son gouvernement de concrétiser le reste, d’œuvrer simplement pour une démocratie nouvelle.

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Docteur Youssouf Maïga Moussa
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