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Docteur Youssouf Maïga Moussa
16 août 2015

Gouvernace politique: l'argent draîne des militants

« Il vaut mieux posséder un médiocre pécule, honnêtement acquis, que de folles richesses, qui vous chargent d'opprobre. » (Ménandre).

Le gurisme est-il en voie de « Zakaïrisation » ? Zakaï a fait le pari de « Roser » la capitale Niamey, mais il faut aussi dire « Roser » = Arroser de billets de banque. Après le quartier Kalley-sud, le plan de conquête est fortement activé : de nombreux oiseaux ont migré vers le Zakaïsme : quelques militants du MNSD de Dar Es Salam, et des militants de Lumana du quartier Liberté. Par ces campagnes de corruption des militants, le Zakaïsme peut bien fantasmer un jour sur un poste de Ministre, car il veut démontrer aux « Autres » qu’il est capable de réussir en matière de Management Politique. Pour Zakaï, il est manifeste qu’aujourd’hui l’Argent et la politique sont les deux réalités de notre société. Les valeurs morales et les convictions politiques, sont de plus en plus des denrées rares. Bref, passons, et laissons Zakaï rêver en politique, depuis qu’elle devenue l’affaire de tout le monde.

Il y a une très belle formule chez Nietzsche qui pourrait résumer un tant soit peu l’état morbide de cette gouvernance politique au Niger, ou si l’on veut : la mal gouvernance qui caractérise la guricratie : « il n’y a rien de nouveau sous le soleil » dira Nietzsche. La lutte pour les biens du pouvoir, notamment la zététique de l’argent, de la richesse obscurcissent la pratique normale de la démocratie. Le politique, et le citoyen sont arrivés à la claire évidence  que tout est basé sur l’argent, tout s’obtient par l’argent. De sorte que « faire de la politique » aujourd’hui, c’est en dernier ressort espérer gagner un jack pot au terme de l’investissement, ou de l’engagement politique. La recherche illimitée de l’argent, tel le virus Ebola a concouru à aliéner les valeurs de la République, et à diviser aujourd’hui les citoyens tant politiquement, qu’au niveau du patriotisme. Ceci pour dire que l’argent constitue aujourd’hui une pathologie dans nos Etats. Certains individus sont arrivés à un niveau dangereux, où l’argent supplante même la patrie. Cette métamorphose des valeurs est extrêmement inquiétante. Nous essayerons de nous appuyer sur la tradition gréco-romaine pour trouver quelque remède.

Polybe (Historien) rapporte que la Grèce, pour qu’elle fût tranquille, et retrouvât la stabilité politique, il eût fallu en exclure la richesse et la pauvreté, considérées comme les deux tares, les deux causes des staseis (conflits, ou des changements politiques). Nous savons aujourd’hui avec quelle folie, quelle démesure les hommes politiques s’embourgeoisent, détournent les richesses et les biens de l’Etat. Cette propension extrême vers la richesse creuse profondément le lit entre les pauvres et les riches, pire, même dans la gestion du pouvoir, il n’y a plus d’opprobre de parler de postes juteux (comme l’Assemblée Nationale qui rapporte plus que la fonction de simple député), et de ministères vides.

Si l’Etat de Sparte par exemple a échappé à ses maux des cités démocratiques de l’Antiquité, c’est par la suppression de la classe des riches et celle des pauvres. De même Lycurgue en bannissant l’avarice (passion mauvaise), éradiqua du coup les causes potentielles des discordes politiques. Mais aussitôt que Lysandre introduisit l’argent, la bête noire (conflits, les tensions politiques), les deux classes refirent surface. Ainsi que nous le percevons, l’argent est la cause matricielle des maux extrêmes dans une politeia  (régime).

Epicure, philosophe du IVe-IIIe siècle (époque d’Alexandre le Grand), avait bien perçu la dangerosité de l’argent, aussi conseille-t-il à ses disciples de s’en éloigner, de ne pas consacrer intensément leur existence à la recherche des richesses et de l’argent qui ne conduisent pas à une vie heureuse, mais à l’illimitation, car celui qui recherche constamment l’argent est à l’image du tonneau des Danaïdes (tonneau dont le fond est percé). Cette conduite se remarque au niveau de nos hommes politiques. Certains bien qu’ils aient tout gagné dans la politique, hélas ils sont demeurés insatiables, et courent toujours vers leur pathos (souffrance) : l’argent, se déshonorent même pour l’argent, pour la terrible raison que Pouvoir = Argent.

A l’analyse, ce que nous remarquons, sans oser défendre la thèse de Lycurgue de supprimer les riches dans nos Etats dits démocratiques, c’est que les cycles de mal gouvernance ont produit insidieusement des démocraties hybrides : Oligarco-démocratie, Aristocratico-démocratie, Plutocratico-démocratie. De sorte qu’on n’est pas stricto sensu dans des démocraties vertueuses, car l’argent est érigé en valeur supérieure, hypostasié comme une divinité. Il n’est pas étonnant de constater que même les droits civiques, juridiques, et politiques sont fonction de ce qu’est l’individu, à savoir son statut financier : est-il riche ? Que possède-t-il comme bien ? Etc. De ce point de vue, nous sommes tentés d’avancer que la perversion morale est patente : l’argent dans nos démocraties représente la clé de toutes les serrures, c’est la clé philosophale : la maladie infantile de la démocratie. Des analphabètes peuvent aujourd’hui faire de la politique, narguer même ceux qui ont étudié les sciences politiques et le droit (les intellos en costumes), pour la simple raison qu’ils possèdent de l’argent, et cet argent leur permet d’avoir un pouvoir sur les hommes politiques. Quand les élections approchent, il est aisé de constater avec quelle bassesse les hommes politiques se prosternent devant de gros commerçants pour financer leurs campagnes. Cet esprit du lucre prouve que la démocratie en Afrique, et au Niger en particulier, qu’on le veuille ou non, est d’essence ploutocrate. Si vous n’avez pas l’argent, on ne vous suit pas (électoralement parlant), si vous n’avez pas d’argent on ne vous respecte pas. Bref, tout peut s’exprimer en logique mathématique : « Si vous avez X (argent) », donc vous obtenez « Y » par la magie de l’argent. On peut donc convenir que la démocratie aujourd’hui est en proie à la tyrannie de l’argent, et particulièrement de l’ARGENT SALE.

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